25 aout et Notes de concert

LE CONCERTISTE : Pierre MÉA

C’est à Reims, où il est né en 1971, que Pierre Méa débute ses études musicales. Il y suit notamment l’enseignement de l’organiste Olivier Latry et obtient un premier prix d’orgue en 1988. La même année, il est finaliste au concours international de Nimègue (Pays Bas). Il se perfectionne alors auprès de personnalités telles que Michel Chapuis, Michel Bouvard, et Louis Robilliard, et voit ses études récompensées par deux premiers prix (orgue et harmonie) au Conservatoire national supérieur de musique de Paris en 1991, ainsi que par une licence de perfectionnement à l’unanimité au conservatoire de Lyon en 1992. Il est lauréat 1992 de la fondation Yehudi Menuhin.

Pierre Méa est organiste titulaire du grand orgue de la cathédrale de Reims, après avoir été pendant onze ans suppléant à l’orgue de chœur de Notre-Dame de Paris. Il a travaillé notamment avec l’Orchestre de Paris, l’Orchestre national de France, la Cappella de Saint-Pétersbourg ou l’Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon, sous la direction de chefs comme Ricardo Muti, Kurt Masur, Daniele Gatti, Leonard Slatkin ou Vladislav Tchernouchenko. Il est également, depuis 1994, professeur d’orgue au Conservatoire national de région de Reims, et, depuis 2008, chargé de cours de pédagogie dans le cadre de la formation au Certificat d’aptitude au Conservatoire national supérieur de musique de Paris.

LE PROGRAMME :



- Nicolas De Grigny (1672-1703)
Ave maris stella
Plain chant en taille, fugue à quatre, duo, dialogue sur les grands jeux.
- Vincent Paulet (né en 1962)
Salve Regina pour orgue
- Jean-Sébastien Bach (1685-1750)
Pièce d’orgue en sol majeur
Vitement, gravement, lentement.
- Vincent Paulet
Trois extraits de la messe pour orgue
Entrée, communion, sortie.
- Nicolas de Grigny
Veni Creator, avec plain chant alterné
Plain chant en taille, fugue à cinq, duo, récit de cromorne, dialogue sur les grands jeux.
- Nicolas de Grigny (en bis)
Tierce en taille.

COMPTE-RENDU

En prologue à ce dernier concert du festival 2013, Christian Vergez a remercié les collectivités locales qui ont participé au financement des concerts et donné rendez-vous au public pour le festival de 2014.

On connait la querelle des Anciens et des Modernes.

Pierre Méa, organiste titulaire de la cathédrale de Reims est venu, amenant avec lui deux autres Rémois.

Nicolas de Grigny d’abord, qui, au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, titulaire du même orgue, était déjà assez célèbre dans l’Europe entière pour que l’illustre Jean-Sébastien Bach recopie de sa main des partitions entières de son collègue, de façon à bien s’imprégner de son art de la construction.

L’autre est Vincent Paulet, un contemporain qui compose une musique d’aujourd’hui, celle qui a connu les révolutions opérées au cours du XXe siècle… et à laquelle la plupart des amateurs de musique ne sont pas habitués.
Entendre et voir jouer les œuvres de Nicolas de Grigny, c’est se rendre compte que le Cantor de Leipzig avait eu un jugement très sûr. Que ce soit dans la première pièce qui utilisait un Ave maris stella comme point de départ, ou le Veni Creator de la fin du concert, toute la palette des savoir-faire et de la virtuosité tant du compositeur que de l’organiste sont mis en lumière. Et ne pas s’arrêter aux titres des parties que l’on retrouve dans l’une et l’autre pièce : ils ne désignent que la forme, alors que le contenu est d’une variété infinie : puissance des grands jeux, langueur ou ronde champêtre, jeu sur le positif ou l’écho. Tout l’art de l’orgue se trouve ici.

Ce qui a sûrement été vrai pendant longtemps, car Vincent Paulet dans ses compositions montre que l’orgue peut sonner complètement autrement. Son Salve Regina qui date de 1991 montre comment après l’exposition d’un thème assez tranquille, un très long crescendo fait de sonorités et d’accords connus ou inconnus conduit à un paroxysme, puis la réexposition du thème abaisse la tension.

Quant aux extraits de la Messe pour orgue, composée pour le retour à la vie de l’orgue Renaissance d’Étampes, ils ont donné à entendre comment dans une musique « renaissance », des accords modernes trouvent peu à peu leur place, comment au calme de la communion succède une « sortie » au Grand jeu, utilisant la trompette, très déclamatoire et très « rock’n roll », pour citer Pierre Méa, qui a expliqué l’oeuvre du haut de la tribune.

Cette alternance entre ces deux compositeurs avait été rompue par une pièce de Jean-Sébastien Bach lui-même, intitulée Pièce d’orgue, titre en français sur la partition originale, où l’on peut voir une forme de salut à Nicolas de Grigny. Pièce étrange où l’auteur, contrairement à ses habitudes, écrit comment jouer les morceaux « Vitement », « Gravement » et enfin « Lentement », en quoi les commentateurs ont cru voir une sorte de récit sur la vie humaine : jeunesse, maturité et vieillesse. Très impressionnante dans son apparente simplicité.

Le concert ne pouvait s’achever autrement que par une Tierce en taille de Nicolas de Grigny, réclamée en bis par les auditeurs, extrêmement expressive, qui mit en action Grands Jeux, Positif et Pédalier. Et comme d’habitude, les enfants, heureux privilégiés, ont eu accès à la tribune pour voir au plus près l’organiste et l’instrument pendant l’exécution de ce bis.

Ce fut, grâce à cet interprète d’exception, la réconciliation des Anciens et des Modernes. L’organiste fut applaudi très chaleureusement et répondit de bonne grâce aux questions qui lui furent posées par les auditeurs qui le croisèrent. Talent de l’interprète et chaleur humaine.


Les Amis de l’orgue de Chaource sont heureux d’avoir pu partager leur passion avec un public enthousiaste et généreux tout au long de ce festival. Rassembler de 100 à 200 auditeurs à chaque concert , ce n’était pas acquis d’avance.

Le 4e festival 2013 se termine brillamment.

L’aventure du 5e festival vient de commencer...



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(J.O. du 16 janvier 2010).

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