Il était une fois une abbaye bénédictine à Montiéramey, une abbaye riche et puissante, située à 17 km à l’est de Troyes. Elle avait été fondée en 837. Elle a connu une période faste aux XIIe et XIIIe siècles, profitant de l’essor donné à leur province par les comtes de Champagne. Chaource était depuis 880 une possession de l’abbaye bénédictine de Montiéramey. Dans les dernières années du XIIe siècle, l’abbaye finance les premiers travaux d’édification d’une église en pierre à Chaource. Quelques points de repères : Philippe Auguste est roi de France, Thibaut IV est comte de Champagne, Chrestien de Troyes est mort depuis quelques années seulement. Il est d’usage que l’abbaye finance les travaux du chœur, la nef et les chapelles latérales étant à la charge des habitants. Au début du XIIIe siècle, la partie dévolue à l’abbaye est terminée. Il faut attendre le début du XVIe siècle pour que les habitants financent la construction du reste de l’édifice. L’épidémie de peste noire et la guerre de cent ans sont sans doute des causes essentielles de ce retard.
Nicolas-Antoine Lété, facteur d’orgue du roi, opère en 1847-1848 une reconstruction générale portant l’instrument à 32 jeux sur 3 claviers et pédale. Suit une longue période d’usure, d’interventions maladroites, de dégradations. L’orgue est dans un état de complet délabrement quand il est classé monument historique pour son mobilier le 27 février 1959, puis pour sa partie instrumentale le 19 juillet 1962. En 1971, la municipalité dirigée par Bernard Moretto, l’organiste Mademoiselle Wichard et Jean-Marie Meignien technicien-conseil conjuguent leurs efforts pour une véritable renaissance de l’orgue de Chaource. Les travaux sont confiés au facteur lyonnais Athanase Dunand et à son fils Jean. Ils entreprennent un relevage puis une restauration complète dans l’esprit d’une reconstitution historique aussi rigoureuse que possible. L’orgue retrouve alors son ton ancien et son tempérament inégal. En entorse à l’héritage historique, l’orgue bénéficie de l’adjonction de 2 jeux de pédale, indispensables à l’exécution de nombreuses pièces du répertoire. Il est accusé réception des travaux le mercredi 22 décembre 1976 à 15 heures. L’orgue possède depuis cette date 25 jeux (13 de Le Bé, 5 de Richard, 3 de Lété, 4 de Dunand) sur 3 claviers (53 et 37 notes) et pédale (29 notes). Il attire des artistes internationaux, enchantés de faire résonner ce vénérable instrument à la sonorité si particulière. Il apparait néanmoins qu’une certaine usure commence à se manifester et qu’il faudra bientôt entreprendre un nouveau relevage et améliorer la soufflerie. (L’essentiel de ce document a été rédigé à partir des articles publiés par Monsieur Jean-Marie Meignien dans les numéros de La vie en Champagne de juin 1980 et septembre 2002, et de son introduction dans le livre d’or de l’orgue.) |