La photo du concert.
L’affiche du concert...
... et au programme du concert.
Avec en avant-première les commentaires du programme...
Concert de Pentecôte avec Géraud Guillemot
Dimanche 24 mai
Le programme proposé par Géraud Guillemot s’articule autour de deux axes :
En ce jour de Pentecôte, ce sont, à l’évidence, les thèmes du Veni Creator et du choral luthérien « Heiliger geist » qui s’imposent…
Un hommage à la musique allemande, contemporaine de notre orgue…
Nicolas de Grigny (1672-1703) :
Apparenté aux Colbert, il fut nommé organiste de la cathédrale de Reims en 1697 (rappelons que l’orgue de Saint Jean Baptiste a été construit en 1696).
Il publie en 1699 un livre d’orgue « contenant une messe et les hymnes des principales fêtes de l’année ».
L’une de ces hymnes est le « Veni Creator ». Grigny propose donc les 5 versets destinés à alterner avec les versets de cette hymne à l’Esprit Saint.
Le premier de ces versets a pour titre : en taille à 5.
Il signifie que ce verset sera à 5 voix et que le « plain chant » sonnera au ténor. Ainsi, le chant du Veni Creator, que l’on identifie aisément, est exposé intégralement en valeur longue sur la trompette du pédalier.
Et l’évocation de l’Allemagne ? Le jeune Jean Sébastien Bach a recopié, de sa propre main, l’œuvre de Grigny. C’est dire l’intérêt qu’il lui portait.
Jean Adam Guilain (1680-1739) :
Il est le plus français des organistes allemands ! De son vrai nom Wilhelm FREINSBERG , il vint en France pour travailler avec Louis Marchand.
Ses suites publiées en 1706, au nombre de 4 au total, sont destinées à l’alternance des versets du Magnificat. Elles comportent donc 7 versets chacune et illustrent parfaitement l’adéquation entre la forme musicale et les jeux de l’orgue…
Suite 1er ton (ré mineur)
Plein jeu : sobre mais rehaussé d’enchaînements harmoniques inattendus.
Trio : deux voix de dessus et une basse servent de motif ascendant typique
Duo : dialogue entre deux jeux typiques de l’orgue français.
Basse de trompette : rondo alternant un refrain et ses couplets.
Récit : tendre déclamation sur le nazard.
Dialogue : ouverture à la française.
Petit plein jeu : très courte conclusion confiée au positif (le premier clavier qui fait parler le petit orgue placé sur le devant de la tribune).
Johann Pachelbel (1653-1706) :
Proche de la famille de Bach à Erfurt, il nous laisse un œuvre pour orgue importante comprenant essentiellement des chorals. Parmi ceux-ci on trouve un choral reposant sur le Veni Creator dans sa forme grégorienne :
Komm Gott Schöpfer, Herliger geist
Comme dans la page de Nicolas de Grigny, le plain chant du Veni Creator est cité intégralement, note pour note, sans fioriture, en valeur longue mais au soprano.
Jean Adam Guilain :
Suite 2ème ton : (sol mineur)
Prélude : un modèle du genre, confié au grand plein jeu
Tierce en taille : page émouvante dans la grande tradition
Duo : dialogue entre deux sonorités qui semblent converser
Basse de trompette : truculent motif qui chute sur 2 octaves et demi !
Trio de flûtes : page douce, lente, recueillie faisant appel à l’écho entre deux claviers de l’orgue
Dialogue : solennel et grandiose
Petit plein jeu : simple point final dont la brièveté étonne
Diderik Buxtehude (1636-1707) :
Organiste de Sainte Marie de LUBECK, il fut un modèle pour Bach. Lui aussi illustre le temps de Pentecôte par quelques pages reposant sur des chorals luthériens. Le choix n’est pas d’exposer note pour note le chant. Au contraire, il s’agit de le noyer dans une longue arabesque, une ornementation complexe, dont la charpente est constituée par les notes du chant.
Komm, Heiliger Geist, Herre Gott : Viens Esprit Saint
Nun bitten wir den heligen Geist : maintenant remercions l’Esprit Saint
Jean Adam Guilain :
Suite 3ème ton (la mineur) : seulement 6 versets car le septième est un quatuor qui requiert l’intervention d’une troisième main !
Plein jeu : harmonie savoureuse et surprenante
Dialogue de voix humaine : fait chanter cette sonorité âpre
Basse de trompette : dialogue entre la trompette insolente et le cornet
Duo : opposition de deux sonorités
Grand jeu : simplement grandiose !
Petit plein jeu : dans l’ombre du verset précédent…
Nicolas de Grigny :
5ème verset du Veni Creator :
Dialogue sur les grands jeux : il s’agit de la sonorité la plus puissante de l’orgue : on utilise donc les Trompettes Clairon Cornets et autre Cromorne … pour une écriture dynamique et virtuose.
Seulement virtuose ? pas sûr !! Comme chez Bach, la symbolique affleure :
L’Esprit Saint est la troisième personne de la Trinité.
Grigny écrit, par hasard, une œuvre en trois parties :
Une ouverture à la française en valeur pointée, ce qui accentue le troisième tiers des cellules rythmiques.
Intervient ensuite une gigue (danse à 3 temps) et à 3 ? Ce volet intermédiaire se subdivise lui-même en trois parties.
Enfin le 3ème volet transitera d’une façon totalement inattendue dans la tonalité de Do mineur qui a trois bémols…