28 juillet Notes de concert

LE CONCERTISTE : Nathan LAUBE

Nathan J. Laube séduit par son jeu brillant et sa programmation créative du répertoire couvrant cinq siècles. Beaucoup le considèrent comme une étoile parmi les jeunes musiciens classiques.
Nathan Laube est aussi l’auteur de nombreuses transcriptions d’œuvres orchestrales qui ont suscité les éloges de la critique.
Nathan Laube a donné de nombreux concerts aux États-Unis, mais aussi en Europe. En Europe, M. Laube a effectué cinq visites au Royaume-Uni ; il s’est produit à la cathédrale de Canterbury. En 2004, il a participé au festival international de Ljubljana (Slovénie), en 2011 au Lahti Organ Festival de Finlande, en 2012 au Musik Festival de Dresden (Allemagne).

Nous avons l’honneur d’accueillir Nathan Laube à Chaource au début d’une tournée d’été qui le conduira à Saint-Florentin, à Cannes, puis à Orléans pour le 18e festival d’orgue, et à Stuttgart (Allemagne) pour le festival international d’été. Après un détour par l’Utah, Nathan Laube donnera deux concerts à la cathédrale de Lapua (Finlande).

Nathan Laube est titulaire de nombreux prix et distinctions. Originaire de Chicago, il y a fait ses premières études musicales à l’Académie des arts. En 2004, Nathan a remporté la première place au Concours d’orgue Albert Schweitzer. En 2011, il s’est perfectionné au Conservatoire de Toulouse où il a remporté le concours avec la mention Très bien et les Félicitations du jury ainsi que le Prix François Vidal de la ville de Toulouse. À Philadelphie, Nathan a reçu deux prix les plus élevés de l’Institut, le Prix Landis pour l’excellence académique et le prix Aldwell d’excellence aux études musicales. En 2012, il a donné un concert à Berlin où il a obtenu le prix Felix Mendelssohn. Le mois dernier, Nathan Laube a reçu un diplôme de maîtrise en interprétation à l’orgue de la Musikhochschule de Stuttgart, où il a poursuivi ses études d’orgue, d’improvisation et de clavecin.
Nathan est actuellement titulaire des orgues de la Cathédrale américaine de la Sainte Trinité à Paris.
Il a joué en soliste ou avec de nombreux orchestres et ensembles de chambre et chœurs.
Il a enseigné à l’Académie d’été dans l’Ohio et à l’Académie estivale d’orgue de Philadelphie. À partir de l’automne 2013, il rejoindra comme professeur la faculté de l’Eastman School of Music de Rochester, New York.
Voir son site : www.nathanlaube.com

LE PROGRAMME :

 Georg Muffat (1653-1704)
Apparatus musico-organisticus
Toccata decima

 Juan Bautista José Cabanilles (1644-1712)
Corrente italiana

 Juan Bautista José Cabanilles (1644-1712)
Tiento XXIII por A la mi re

 Michelangelo Rossi (1602-1656)
Toccata Settima

 Jean-Adam Guilain (1680-1739)
Pièces d’orgue pour le Magnificat :
Suite du deuxième ton
Prélude, plein jeu
Tierce en taille
Duo
Basse de trompette
Trio de flûtes
Dialogue, grand jeu
Petit plein jeu

 Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Pygmalion :
Ouverture (transcription par Yves Rechsteiner)
Zoroastre :
Air tendre en trio sur les flûtes
Les Indes galantes :
Chaconne

COMPTE-RENDU

Géraud Guillemot a présenté l’orgue au public qui ne connait pas l’instrument, en insistant sur ses spécificités d’accords. Ces caractéristiques expliquent le programme retenu par Nathan Laube, tout juste arrivé de Philadelphie.

D’abord Georg Muffat, que l’on retrouve devant beaucoup des claviers de son époque. De cette itinérance, peut-être avait-il acquis le sens de la complexité des choses qu’il introduit dans des partitions qui paraissent pourtant si simples à l’audition.
Juan Bautista José Cabanilles a été au contraire un sédentaire titulaire de l’orgue de Valence pendant 50 ans. Ses expériences sont d’ordre technique et parfaitement démontrées par les œuvres choisies.
Quant à Michelangelo Rossi, sa Toccata Settima a été composée exactement pour un orgue de ce type, dont on sait que certains accords frottent. Il les a tous utilisés ! Ce qui produit une œuvre d’une étonnante modernité avec une résolution qui apaise d’un seul coup la tension ainsi créée.
Jean-Adam Guillain est invité pour la Suite du Second Ton illustrant les chants du Magnificat. La diversité des sensibilités qui s’exprime dans cette œuvre est remarquablement mise en lumière par un toucher tout en finesse de Nathan Laube, y compris quand ce sont les Trompettes qui doivent sonner !
Enfin Jean-Philippe Rameau qui est un cas dans l’histoire de la musique : uniquement organiste jusqu’à l’âge de 50 ans, il devient alors le compositeur que l’on sait. Et n’a jamais composé pour l’orgue ! Ce que notre artiste invité a joué aujourd’hui est donc une transcription pour orgue de fragments de trois de ses opéras-ballets (dont Les Indes Galantes). Comme l’a signalé Géraud Guillemot, ayant joué de l’orgue toute sa vie, les compositions orchestrales de Rameau sont très compatibles avec cet instrument ; et c’est bien du Rameau et non un arrangement que nous avons entendu aussi bien dans les solos que les tutti.

Toutes ces pièces ont été accueillies par de vifs applaudissements, et c’est Le Tambourin, en principe pour clavecin, qui a été interprété en bis avec toujours la même délicatesse dans le toucher.

L’artiste est descendu de la tribune et a dit aux 120 personnes présentes quel avait été son plaisir de jouer sur cet orgue exceptionnel et devant un public aussi enthousiaste. Musicalement et humainement, un excellent moment. Concert qui restera dans les esprits tant les auditeurs ont eu le sentiment d’avoir assisté à la prestation d’un jeune homme déjà en pleine possession de ses moyens techniques , mais surtout impressionné par la vision – grâce à la vidéo - d’un artiste pour qui l’orgue est le prolongement de la pensée et de la sensibilité. Nathan Laube, malgré son jeune âge, n’est pas tout à fait au début de sa carrière. Cependant une chose est d’ores et déjà certaine, dans le demi-siècle qui vient, il fera partie de la petite poignée d’artistes que l’on dit être de très grands interprètes. Cela aura été un honneur pour Chaource que de l’avoir reçu et merci à Géraud Guillemot de l’avoir invité.