OUVERTURE DE LA SAISON D’ORGUE Comme prévu, samedi soir, le premier concert de l’année s’est tenu en l’église Saint-Jean-Baptiste, en présence de M. Pouillot, maire. Christian Vergez, Président de l’Association des Amis de l’Orgue de Chaource, organisateurs de cette soirée prononça les mots de bienvenue et d’ouverture qu’il fallait. Car il n’était que justice de remercier de leur présence Mme Éliane Magne, conseillère générale, les amis de Saint-Florentin et de Noyers et les membres du Rotary club de l’Aube pour leur soutien. Remercier également Jean-Marie Meignien qui a sauvé l’orgue et Laurent Plet et son équipe qui lui ont donné une nouvelle vie. Remercier aussi les collectivités territoriales qui, en finançant les travaux de restauration, ont permis l’existence même de cette soirée. Géraud Guillemot, titulaire des orgues, après avoir présenté l’œuvre usa de la prérogative liée à sa charge en inaugurant officiellement le clavier nouvellement installé. Et de belle manière en interprétant une composition de Louis Marchand. Puis vint le moment fort : les Leçons des Ténèbres de François Couperin datant de 1714, composition bâtie autour des Lamentations de Jérémie. Les Hébreux sont en exil à Babylone, Jérusalem est détruite, une sorte de fin du monde. Métaphore de la mort de Jésus par laquelle, pour le croyant, le monde est plongé dans les ténèbres. Et c’était bien pendant les ténèbres de la nuit que ces pièces étaient interprétées lors de leur création ; ténèbres qui laissent place à la lumière de la résurrection finale. Textes et musique d’une grande intensité dramatique interprétés avec force et sensibilité par Corinne Sertillanges et Hélène Obadia, « voix de dessus » comme on le disait à l’époque de Couperin, sopranes donc. Chacune comme soliste pour deux premières leçons, et en duo pour la troisième, où la musique inspirée de Couperin fut particulièrement bien servie par ces deux voix qui se fondent et se répondent. Quant à Jean-Pierre Griveau, organiste titulaire de la cathédrale d’Orléans chacun apprécie sa virtuosité et son toucher. Nous le connaissons, habitué qu’il est des concerts estivaux. Outre la partition de Couperin, il interpréta de courtes pièces d’auteurs contemporains du maître pour séparer ces Trois Leçons. Émotion renforcée par une extinction progressive des cierges symbolisant la plongée dans les Ténèbres. Et à mesure qu’elles envahissaient l’église, les voix des cantatrices semblaient encore plus lumineuses, descendant de la tribune brillamment éclairée. Plus de deux cents auditeurs étaient présents, saisis par la musique et l’ambiance. Applaudis à la tribune de l’orgue, quand les artistes furent descendus dans la nef, ce fut une véritable ovation amplement justifiée. La parfaite adéquation entre l’œuvre de Couperin, cet orgue et ces artistes était évidente. Ainsi, si ce concert était le premier de la saison, ce n’était certes pas une mise en route. Ce fut une grande soirée. Émotion également que d’avoir parmi les auditeurs Jean-Pierre Leguay, titulaire des grandes orgues de Notre-Dame de Paris qui reviendra pour clôturer la saison lors des Journées du Patrimoine le 15 septembre. D’ici là se déroulera la saison d’été à laquelle chacun pense déjà, musiciens et auditeurs conquis. SAMEDI 27 AVRIL à 20 H 30 - Entrée libreLe programme : « Leçons des ténèbres pour le mercredi saint de François Couperin » Fixés au VIIIe siècle, les offices des ténèbres prennent place à l’apogée des célébrations de Pâques. Elles réunissent les matines (la fin de la nuit) et les laudes (le début du jour), d’où le nom d’Office des ténèbres. Au centre de la dramaturgie est un chandelier triangulaire à quinze bougies qu’on éteint progressivement après chacun des psaumes. Les cierges représentent les onze apôtres fidèles, les trois Marie et le Christ. Les leçons des ténèbres de François Couperin ont été écrites pour les liturgies de la semaine sainte de 1714 à l’abbaye de Longchamp. Elles sont au nombre de trois. Les deux premières font appel à une voix seule ; la troisième, écrite pour deux voix de dessus, est regardée par les musicologues comme l’un des sommets de l’art vocal de l’époque baroque. Les concertistes : Jean-Pierre GRIVEAU est organiste titulaire de la cathédrale d’Orléans. Hélène OBADIA Corinne SERTILLANGES
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